Ricardo Palma Salamanca (1969) est
le fils cadet des trois fils du couple de Mirna Salamanca et Ricardo Palma,
militants communistes engagés avec le gouvernement de Salvador Allende.
Dans les années 80 la famille Palma, et à sa tête sa mère Mirna Salamanca, s'est engagée fermement dans la lutte contre la dictature. Ses sœurs, Marcela Palma (1962) et Andrea Palma (1963), des dirigeantes des étudiants ont été arrêtées et torturées à cette époque par les appareils répressifs de la dictature, des faits dont Ricardo Palma a été témoin très tôt.
Mirna Salamanca était enseignante
dans le Collège Latino-Américain à Santiago, établissement où Ricardo faisait
ses études. Ce collège était remarqué par un système éducatif d'avant-garde, il
accueillait des enseignants et des élèves provenant de l'exil et des secteurs
progressistes chiliens, beaucoup d'entre eux venant de la gauche.
Le 28 mars 1985, Mirna Salamanca,
Ricardo Palma et les enseignants et les élèves présents ce jour-là, ont été
témoins de l'enlèvement, aux portes du collège, de trois enseignants et
parents d'élèves, Santiago Nattino, Manuel Guerrero et José Parada, tous les
trois, des militants communistes engagés dans la lutte pour la démocratie. Un
autre enseignant qui a essayé de s'opposer à l'enlèvement a été blessé par
balle à la vue de tout le monde. L'enlèvement a été réalisé avec le soutien
d'un hélicoptère sans identification, appartenant aux services de
renseignements de Carabiniers du Chili, comme cela a été, ensuite, constaté.
Les enseignants enlevés ont été assassinés quelques jours plus tard et leurs
corps torturés et égorgés ont été trouvés par des ouvriers dans une chemin de
quartier à l'orient de la ville de Santiago, provoquant une grave crise
nationale et de l'indignation.
Ricardo Palma aimait la photo, la
guitare et particulièrement son collège et ses enseignants et à l'époque, il
militait dans les Jeunesses Communistes. Ces enlèvements et l'expérience de sa
famille, affectée de façon directe, par la répression a
généré un changement définitif dans sa vie, en s'engageant radicalement contre
les auteurs de ces actions répressives. C'est ainsi qu'il a décidé de
s'incorporer à la lutte armée via le Front Patriotique Manuel Rodriguez (FPMR),
bras armé du Parti Communiste, qui a opposé une audacieuse résistance à la
longue dictature chilienne, en se remarquant comme l'un des cadres les plus
audacieux et résolus.
Lors de la fin de la dictature, le
11 mars 1990, le FPMR s'est divisé et une partie a constitué le FPMR autonome
(FPMR-A), lequel n'a pas accepté les négociations qui ont conduit le pays vers
une sortie démocratique insuffisante et protectrice des responsables des
violations des Droits de l'Homme. Ricardo Palma adhère à ces thèses et décide
de faire partie d'une campagne militaire de punition aux membres de la
répression et aux soutiens de la dictature, en participant directement dans
l'exécution de Jaime Guzman Errazuriz, avocat, idéologue et inspirateur de la Constitution
Politique de la Junte militaire de gouvernement, du colonel Luis Fontaine, chef
de l'équipe responsable des enlèvements et égorgements dans le Collège
Latino-américain et d'un ancien garde de corps de Pinochet. Il aurait, aussi,
participé dans l'enlèvement de Cristian Edwards, fils du directeur du journal
El Mercurio, principal instigateur du coup d'Etat au Chili via la Central
Intelligence Américaine (CIA).
Arrêté le 25 mars 1992 par la
Police de Renseignements chilienne, jugé et condamné à perpétuité par un
tribunal régit par les lois mises en vigueur par la dictature, il a été reclus
dans un quartier de haute sécurité, d'où il a été extrait le 30 décembre 1996
lors d'une spectaculaire évasion en hélicoptère.
Ensuite, sa vie bascule dans une rigoureuse
clandestinité, période dans laquelle il écrit deux livres en cohérence avec son
souhait de reprendre une vie normale et créative. "El gran rescate"
est le récit de la spectaculaire évasion en hélicoptère avec trois autres
cadres du FPMR et "Una larga cola de acero" est l'histoire du FPMR à partir
de son expérience militante.
Ricardo Palma Salamanca était
arrivé en France en juin 2017 avec sa compagne Silvia Brzovic Pérez, elle
aussi ex-militante du FPMR et également mise en cause dans une enquête
judiciaire au Chili. Le 16 février 2018, il est interpellé à Paris par
Interpol et ayant donné des garanties suffisantes au juge il a été mis en
liberté provisoire sous contrôle judiciaire en attente d'une audience
concernant une demande d'extradition du gouvernement du Chili. Pays encore
gouverné, en grande partie, par les lois et normes créées sous le régime
dictatorial.
Cette décision a provoqué un
profond malaise dans les milieux de la droite chilienne. Ils ont destiné, de
façon permanente, les ressources nécessaires à la capture des fugitifs depuis
plus de 20 ans, particulièrement Ricardo Palma.
L'actuel administration chilienne
de Michelle Bachelet a dépêché à Paris rapidement un fonctionnaire judiciaire
avec l'objectif d'obtenir son extradition et a assuré aussi l'intervention du
ministre d'Affaires étrangères Heraldo Muñoz. Ces interventions contrastent
avec le traitement accordé par ce gouvernement concernant des demandes
d'extradition d'anciens criminels militaires responsables des exactions pendant
la dictature.
Me Jean-Pierre
Mignard, son avocat, espère plaider l’invalidité de la décision et de
l’ensemble de la procédure menée contre Ricardo Palma Salamanca en
1992. En effet, à l’époque Pinochet était toujours le chef de l'Armée
chilienne et le pouvoir demeurait toujours entre les mains des militaires.
C’est une longue et interminable période qu’on a appelé au Chili « la
transition ». Une vaste impunité était alors accordée aux appareils
répressifs, largement composés de militaires. Les tribunaux et les procès
étaient encore loin d’être impartiaux, des aveux étaient toujours arrachés sous
la torture.
Ricardo Palma Salamanca a demandé l’asile politique en France, en raison
des circonstances politiques et les conditions dans lesquelles les tribunaux
chiliens ont prononcé leur sentences, il y a vingt-six ans au Chili.
Sources:
- Prensa
- Extraits
Revue du Méridion. Article du 19/02/2018