samedi 3 mars 2018

RICARDO PALMA SALAMANCA


ASILE POLITIQUE POUR LA FAMILLE PALMA - BRZOVIC



Ricardo Palma Salamanca (1969) est le fils cadet des trois fils du couple de Mirna Salamanca et Ricardo Palma, militants communistes engagés avec le gouvernement de Salvador Allende.

Dans les années 80 la famille Palma, et à sa tête sa mère Mirna Salamanca, s'est engagée fermement dans la lutte contre la dictature. Ses sœurs, Marcela Palma (1962) et Andrea Palma (1963), des dirigeantes des étudiants ont été arrêtées et torturées à cette époque par les appareils répressifs de la dictature, des faits dont Ricardo Palma a été témoin très tôt.

Mirna Salamanca était enseignante dans le Collège Latino-Américain à Santiago, établissement où Ricardo faisait ses études. Ce collège était remarqué par un système éducatif d'avant-garde, il accueillait des enseignants et des élèves provenant de l'exil et des secteurs progressistes chiliens, beaucoup d'entre eux venant de la gauche.

Le 28 mars 1985, Mirna Salamanca, Ricardo Palma et les enseignants et les élèves présents ce jour-là, ont été témoins de l'enlèvement, aux portes du collège, de trois enseignants  et parents d'élèves, Santiago Nattino, Manuel Guerrero et José Parada, tous les trois, des militants communistes engagés dans la lutte pour la démocratie. Un autre enseignant qui a essayé de s'opposer à l'enlèvement a été blessé par balle à la vue de tout le monde. L'enlèvement a été réalisé avec le soutien d'un hélicoptère sans identification, appartenant aux services de renseignements de Carabiniers du Chili, comme cela a été, ensuite, constaté. Les enseignants enlevés ont été assassinés quelques jours plus tard et leurs corps torturés et égorgés ont été trouvés par des ouvriers dans une chemin de quartier à l'orient de la ville de Santiago, provoquant une grave crise nationale et de l'indignation.

Ricardo Palma aimait la photo, la guitare et particulièrement son collège et ses enseignants et à l'époque, il militait dans les Jeunesses Communistes. Ces enlèvements et l'expérience de sa famille,  affectée de façon directe,  par la répression a généré un changement définitif dans sa vie, en s'engageant radicalement contre les auteurs de ces actions répressives. C'est ainsi qu'il a décidé de s'incorporer à la lutte armée via le Front Patriotique Manuel Rodriguez (FPMR), bras armé du Parti Communiste, qui a opposé une audacieuse résistance à la longue dictature chilienne, en se remarquant comme l'un des cadres les plus audacieux et résolus.

Lors de la fin de la dictature, le 11 mars 1990, le FPMR s'est divisé et une partie a constitué le FPMR autonome (FPMR-A), lequel n'a pas accepté les négociations qui ont conduit le pays vers une sortie démocratique insuffisante et protectrice des responsables des violations des Droits de l'Homme. Ricardo Palma adhère à ces thèses et décide de faire partie d'une campagne militaire de punition aux membres de la répression et aux soutiens de la dictature, en participant directement dans l'exécution de Jaime Guzman Errazuriz, avocat, idéologue et inspirateur de la Constitution Politique de la Junte militaire de gouvernement, du colonel Luis Fontaine, chef de l'équipe responsable des enlèvements et égorgements dans le Collège Latino-américain et d'un ancien garde de corps de Pinochet. Il aurait, aussi, participé dans l'enlèvement de Cristian Edwards, fils du directeur du journal El Mercurio, principal instigateur du coup d'Etat au Chili via la Central Intelligence Américaine (CIA).

Arrêté le 25 mars 1992 par la Police de Renseignements chilienne, jugé et condamné à perpétuité par un tribunal régit par les lois mises en vigueur par la dictature, il a été reclus dans un quartier de haute sécurité, d'où il a été extrait le 30 décembre 1996 lors d'une spectaculaire évasion en hélicoptère.
Ensuite, sa vie bascule dans une rigoureuse clandestinité, période dans laquelle il écrit deux livres en cohérence avec son souhait de reprendre une vie normale et créative. "El gran rescate" est le récit de la spectaculaire évasion en hélicoptère avec trois autres cadres du FPMR et "Una larga cola de acero" est l'histoire du FPMR à  partir de son expérience militante.

Ricardo Palma Salamanca était arrivé en France en juin 2017 avec sa compagne Silvia Brzovic Pérez, elle aussi ex-militante du FPMR et également mise en cause dans une enquête judiciaire au Chili. Le 16 février 2018, il est interpellé à Paris par Interpol et ayant donné des garanties suffisantes au juge il a été mis en liberté provisoire sous contrôle judiciaire en attente d'une audience concernant une demande d'extradition du gouvernement du Chili. Pays encore gouverné, en grande partie, par les lois et normes créées sous le régime dictatorial.

Cette décision a provoqué un profond malaise dans les milieux de la droite chilienne. Ils ont destiné, de façon permanente, les ressources nécessaires à la capture des fugitifs depuis plus de 20 ans, particulièrement Ricardo Palma.

L'actuel administration chilienne de Michelle Bachelet a dépêché à Paris rapidement un fonctionnaire judiciaire avec l'objectif d'obtenir son extradition et a assuré aussi l'intervention du ministre d'Affaires étrangères Heraldo Muñoz. Ces interventions contrastent avec le traitement accordé par ce gouvernement concernant des demandes d'extradition d'anciens criminels militaires responsables des exactions pendant la dictature.

Me Jean-Pierre Mignard, son avocat, espère plaider l’invalidité de la décision et de l’ensemble de la procédure menée contre Ricardo Palma Salamanca en 1992. En effet, à l’époque Pinochet était toujours le chef de l'Armée chilienne et le pouvoir demeurait toujours entre les mains des militaires. C’est une longue et interminable période qu’on a appelé au Chili « la transition ». Une vaste impunité était alors accordée aux appareils répressifs, largement composés de militaires. Les tribunaux et les procès étaient encore loin d’être impartiaux, des aveux étaient toujours arrachés sous la torture.

Ricardo Palma Salamanca a demandé l’asile politique en France, en raison des circonstances politiques et les conditions dans lesquelles les tribunaux chiliens ont prononcé leur sentences, il y a vingt-six ans au Chili.



Sources:
- Prensa
- Extraits Revue du Méridion. Article du 19/02/2018