lundi 16 décembre 2019

URGENCE CHILI : HALTE AUX VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME !



Après l'explosion de colère sociale du 18 octobre dernier, "Au Chili, on torture, on viole, on tue". C'est ainsi que la chanteuse chilienne, Mon Laferte, a décrit la situation du pays, lors de la cérémonie des prix des Grammy's Latino, en ouvrant son manteau sur le tapis rouge pour dévoiler ses seins nus et montrer son message de protestation. Au Chili, "la violation des Droits de l'Homme est généralisée et systématique" (Amnesty International) et les "membres de la police nationale (Carabiniers) ont commis de graves violations des Droits de l'Homme" (Human Rights Watch). C'est ainsi que, dans leurs rapports respectifs, étayés de vidéos et présentés dans des conférences de presse, les organisations de défense des Droits de l'Homme, Amnesty International et Human Rights Watch, ont condamné le gouvernement pour la grave situation qui traverse le pays.


Le "Grand Réveil" des Chiliens, le 18 octobre dernier, a conduit le peuple dans la rue. Avec des gigantesques marches de protestation, celui-ci a mis en cause la classe politique et l'héritage de la dictature civico-militaire de Pinochet.

En synthèse, la révolte porte sur deux aspects essentiels : d'une part, sur le plan politique, elle vise la Constitution en vigueur dans le pays depuis 1980, imposée sous la dictature, et d'autre part, sur le plan économique, le modèle ultra libéral imposé à partir de 1975, lors de la visite au Chili de Milton Friedman. Ce dernier a fourni personnellement à Pinochet la recette économique en vue de son application immédiate. Les "Chicago Boys", des chiliens formés aux Etats Unis, ont eu l'exclusivité de l'application du modèle économique ultra libéral. C'est ainsi que le Chili de Pinochet s'est transformé en un grand laboratoire destiné à expérimenter les théories du professeur Friedman (prix Nobel de l’économie en 1976). La santé, l'éducation, ainsi que la réforme du système des retraites en ont constitué les pires conséquences sociales. Ce modèle ultra libéral sera instauré, plus tard, aux Etats-Unis sous l'administration Reagan (1981-1989), et en Angleterre, avec Madame Thatcher (1979-1990), "La Dame de Fer". Il est actuellement mis en œuvre dans plusieurs pays.

Avec Pinochet à sa tête, le peuple chilien a vécu pendant 17 ans sous la botte des militaires, et cela a été l'une des périodes les plus noires et les plus sanglantes de l’histoire du pays. Immense tragédie qui a marqué au plus profond l’âme chilienne, victime d'un terrorisme d'Etat responsable de milliers des morts, de disparus, de prisonniers politiques, de personnes torturées et d’exilés. Cette catastrophe a été connue par le monde entier.

Après la période dictatoriale, Chili a vécu pendant trente années sous une "démocratie « sous tutelle », définie par Pinochet, avec une classe politique qui a conclu un pacte secret avec les militaires afin d'ouvrir une période de transition indéfinie sous une chape d'impunité protégeant les auteurs des crime contre l’humanité. La nouvelle classe politique a eu pour mission de légitimer et d’approfondir le modèle ultra libéral et de conserver l'essentiel de la Constitution de 1980, qui est devenue une camisole de force imposée au peuple, tandis que les politiciens de tout poil ont fini par l'accepter comme s'ils avaient été domestiqués.

Cette période de trente années a généré une société considérablement inégalitaire, marquée d'une nette injustice sociale, dans laquelle une infime minorité de puissants entrepreneurs contrôlent et cumulent la richesse produite par le pays. Ce sont eux qui soudoient la classe politique et les institutions de l'Etat afin que le modèle économique ne change pas, continuant, de ce fait, à créer de l'inégalité. La corruption et les fraudes fiscales sont une variable constante, phénomène devenu banalité, avec des militaires de haut rang des Forces armées et des Carabiniers poursuivis par la justice.

Les classes moyennes ont pu survivre grâce à l'endettement que leur permet un système de cartes de crédit avec lesquelles ils peuvent acheter des médicaments, des vêtements et couvrir les dépenses d'alimentation. Les étudiants qui ont pu entreprendre des études universitaires restent endettés pour des décennies, ainsi que leurs familles. Les retraités survivent avec des pensions modestes et misérables. Selon des estimations faites par la "Fondation Sol", 50% des retraités ont perçu en 2018 une pension mensuelle d'environ 50.000 pesos (60 euros). Et comme les pensions sont si faibles, l'Etat doit les compléter par le fameux "apport prévisionnel solidaire" (APS). Mais même ainsi, les pensions sont loin d’atteindre les salaires minimum mensuels d'un montant de 301.000 pesos (360 euros).

Et la plupart des chiliens, notamment les classes les plus défavorisées, se trouvent en état d’asphyxie dans une société inégalitaire marquée depuis longtemps d’une grande injustice sociale. Les trente pesos d’augmentation du prix du ticket du métro ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les étudiants se sont déclarés en rébellion et ont allumé la mèche de l'explosion sociale, comme cela s’est produit en France le 17 novembre 2018, lorsque l’augmentation du prix de l'essence a fait apparaître le mouvement des Gilets Jaunes qui continue de se manifester aujourd'hui.

La crise.


Le Président Piñera ne les a pas entendus et il s'est refusé à satisfaire les demandes légitimes des étudiants et du mouvement social. Les exactions, la violence exercée par l'appareil répressif de l'Etat sont de sa responsabilité directe. Avec une cécité incroyable, il a répondu en déclarant de façon abrupte "Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant …" et pour gagner sa "guerre", il a décrété l'état d'urgence, le couvre-feu et il a sorti, une nouvelle fois, les militaires dans la rue.

Il est fort probable que la famille Piñera soit encore imprégnée dans ses gènes du "virus dictatorial". Le Président Piñera a défendu ardemment le dictateur Pinochet quand il a été arrêté à Londres en 1998 ; son oncle, Bernardino Piñera, l'ancien évêque de l'Araucanie, a voyagé en Italie pour défendre le procureur militaire Alfonse Podlech, accusé de la disparition d'un citoyen italo-chilien ; son frère, José Piñera a été le ministre du travail de Pinochet et le responsable de la réforme des retraites par capitalisation. La famille Piñera a effectivement joué un rôle important sous la dictature de Pinochet. Le Président a constitué sa fortune à cette époque et il figure actuellement dans la catégorie des « ultra-riches » du Chili, selon le classement 2019 du magazine Forbes.

Aujourd'hui, les jeunes lycéens chiliens sortent à nouveau dans la rue pour protester avec la colère et la rébellion qui caractérise la jeunesse, ce qui a suscité une prise de conscience politique considérable. Ils n'ont pas peur, ils sont courageux ; ils ont la chance de ne pas avoir connu la noire et sinistre répression des années de plomb de la dictature civico-militaire de Pinochet. Ce sont ces jeunes qui ont payé et continuent de payer le prix le plus fort de la brutale répression exercée par le gouvernement de Piñera. L'actuel Président sait en effet très bien ce qu'ont été les violations des Droits de l'Homme au Chili.

Pendant les premières semaines de l'explosion sociale, le déclenchement de la répression a donné lieu à d'innombrables violations des droits fondamentaux commises par les forces policières et militaires. Dans le pays, la pression sociale et celle des organisations internationales des Droits de l'Homme ont obligé le gouvernement à lever l'état d'urgence et à renvoyer les militaires dans leurs casernes. En même temps, il a initié une série de manœuvres avec la classe politique pour faire approuver un "Accord pour la paix et une nouvelle Constitution", en lançant un processus de débats dans les "cabildos" et les assemblées citoyennes. Tout cela avec l'objectif d’étouffer l'explosion sociale, et en maintenant, parallèlement, la répression à un haut niveau.

La répression.

  
Resumen.cl

Cambio21.cl
Dans les décennies précédentes, au Chili, les mobilisations relatives aux demandes territoriales du peuple Mapuche ont été criminalisées et réprimées avec une grande brutalité, y compris en occupant de façon permanente le territoire de leurs communautés. Une police militarisée et spécialisée a été créée et perfectionnée en Colombie (le Commando Jungla) avec de l'armement et du matériel moderne. Dans leurs pratiques, ces forces policières ont systématiquement violé les droits de l'Homme, avec pour tragique résultat l’assassinat de plusieurs Mapuches, l’incarcération de plusieurs dizaines de prisonniers politiques Mapuches, en attente de procès ou condamnés, et l’occupation du territoire des communautés soumis à un siège constant. 

Il faut rappeler que le mouvement des étudiants chiliens s'était déjà exprimé auparavant. En 2006, sous le gouvernement de la Présidente Bachelet, ce sont les lycéens qui étaient sortis dans la rue pour protester, lors de ce qui a été appelé la "révolte des Pingouins" (allusion à leurs tenues en bleu). Plus tard, en 2011, pendant le premier gouvernement de Piñera, ce sont les étudiants universitaires qui étaient dans la rue pour protester contre le système éducatif, en dénonçant, entre autres, le coût financier excessif des études. Ces protestations étudiantes n'ont pas été écoutées par les gouvernements en place et ont été férocement réprimées. Pour sa part, le mouvement féministe a fait une démonstration de force le 8 mars dernier. Mais personne n'a imaginé que tout cela constituait l'alerte sociale qui annonçait, déjà, le surgissement d'un mouvement social inédit et historique, celui du 18 octobre 2019. 

Aujourd'hui, dans cette nouvelle situation, les forces spéciales des Carabiniers (FFEE) jouent un rôle prépondérant dans la répression du mouvement social dont les principales expressions de protestation ont été les manifestations persistantes et massives qui se déroulent, depuis plus de 50 jours, tant à Santiago que dans les régions.



 LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME PENDANT L'EXPLOSION SOCIALE.

Les violations des Droits de l’Homme ont atteint un niveau similaire à celles qui ont été perpétrées pendant la dictature civico-militaire. Beaucoup de gens ont été surpris, car ils croyaient, qu’en raison du temps écoulé depuis lors, les méthodes répressives et les "protocoles" de la police, étaient dépassés. La réalité est toute autre, car elle témoigne d’une situation catastrophique et grave, décrite par les organisations nationales et internationale des Droits de l'Homme qui enquêtent actuellement sur les exactions commises par les forces policières et militaires. Des rapports accablants et des informations importantes ont été fournis par Amnesty International, Human Rights Watch (HRW), la Croix Rouge Internationale et la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH). Un autre rapport, celui de l'ONU est attendu pour les prochaines semaines. Une institution chilienne, en théorie autonome et indépendante des pouvoirs de l'Etat, l'Institut des Droits de l'Homme (INDH) fait aussi connaître des rapports réguliers sur ses enquêtes.

Ces rapports ont en commun le constat d’une violence démesurée, brutale, même si pour HRW et l'INDH, celle-ci n'est pas systématique, ce qui a pourtant été clairement établi par Amnesty International et la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme. Les informations fournies par l'INDH ont été également mises en cause, il y a deux semaines, par la Croix Rouge Internationale qui a signalé que les chiffres fournis par cet Institut étaient inférieurs à ceux dont elle disposait.

Au 6 décembre 2019, on recensait 26 morts, dont 7 du fait des agents de l’Etat ; 352 personnes victimes de lésions oculaires dont 331 présentent des traumatismes aux yeux et 21 ont souffert de l'éclatement ou de la perte du globe oculaire. Un étudiant, Gustavo Gatica, et une femme, Fabiola Campillay, ont perdu la vision des deux yeux, à cause de tirs sur leurs visages de cartouches contenant du plomb et de grenades lacrymogènes. La barbarie et la sauvagerie des Carabiniers et des forces armées est inqualifiable.

 Selon le Ministère Public (Fiscalía Nacional), 35 592 personnes ont été soumises à des « audiences de contrôle de détention » (ACD) pour divers délits, entre le 18 octobre et le 29 novembre. Le total des personnes mises en accusations est de 23 449, dont 2 537 ont été placées en détention préventive (par décision des tribunaux). L'INDH signale 1 383 cas de violations des droits des personnes détenues, incluant la torture, l'usage excessif de la force, parmi lesquelles on relève 192 cas de violence sexuelle (concernant, pour la plupart, des femmes). La Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme a signalé 12 562 personnes blessées et soignées dans des services d'urgence, et l'INDH a constaté 3 449 personnes blessées dans des hôpitaux.

Pour ce qui concerne les lésions oculaires, le Chili a battu le triste record de la planète, car ce chiffre n’a été atteint dans aucun autre pays où se déroulent des conflits similaires (en France on enregistre 23 cas). Le nombre de personnes torturées est également alarmant et ceci démontre le caractère systématique des exactions commises par la police dans les commissariats, dans des locaux des stations des métros, et dans la rue, comme cela a été signalé par des témoins et des personnes qui ont pu filmer les faits. La CIDH fait part des dénonciations qu'elle a reçues concernant les exactions commises dans le quartier de Lo Hermida : violentes perquisitions, destructions de maisons, détentions illégales, obstruction à la justice et tortures perpétrées dans le commissariat du secteur. Le Ministère Public a pour sa part, ouvert 2 670 enquêtes pénales contre les forces de sécurité, dont 422 victimes sont des enfants ou des adolescents.


Ces informations portent sur seulement un mois de répression des forces policières et il faut remarquer que les renseignements relatifs aux personnes détenues n'ont pas été obtenus facilement. Plusieurs commissariats de Santiago ont refusé, sans justification, de répondre aux institutions des Droits de l'Homme. Les recommandations des institutions sont diverses. Elles vont d’une révision des possibilités d’arrestation dans le cadre de contrôles d’identité, de l’investigation et des sanctions visant les responsables d’exactions, de la « réforme » de l’institution des Carabiniers jusqu’au changement du type d’armes et de munitions utilisées lors de l’affrontement avec les manifestants. Mais ces dernières, comme les chevrotines, le recours au gaz poivré et à l’eau contaminée chimiquement, continuent d’être utilisées en dépit de ces recommandations.

En réponse à cette crise, le gouvernement et ses parlementaires dévoués ont essayé d'obtenir du Parlement l'approbation de lois liberticides qui bafouent le droit de manifester et le droit de réunion (lois anti-saccages, anti-barricades, anti-cagoules, « anti-occupations »). A ceci s’ajoute un projet de loi permettant de recourir aux forces armées lorsqu’il s’agit de protéger des « infrastructures critiques ». La CIDH a rappelé au gouvernement "que conformément aux standards interaméricains, l'ordre public et la sécurité citoyenne doivent, en priorité, être réservés aux corps de policiers civiles". En résumé, ce conglomérat de lois et de projets de loi configure un état policier, l’antichambre d'une dictature où les libertés essentielles sont bafouées et l'exercice des Droits de l'Homme réduit au strict minimum. Ces lois ont été rapidement approuvées par la majorité présidentielle et, fait particulier, avec les voix de la plupart des députés de "gauche". Seule une infime partie de ces derniers s’est prononcée contre. Le pays a bien changé …

Pour consolider, encore davantage, ce cadre répressif, le Président a également lancé un appel international à l'assistance technique en matière de répression et sollicité la France, l'Angleterre et l'Espagne. Il faut remarquer qu’il y a peu de temps, le gouvernement avait, déjà effectué le même type de demande à la Colombie, laquelle a contribué à former un dispositif qui s'est nettement distingué dans la répression des communautés Mapuche dans l'Araucanie, le fameux "Commando Jungla". Selon des déclarations récentes, la France a refusé son concours. Enfin le gouvernement vient de faire un joli cadeau de Noël à la section répressive de Carabiniers avec l'acquisition de matériel de guerre moderne.

Depuis le début du conflit, le gouvernement s’est abstenu de respecter les obligations des traités internationaux sur les violations des Droits de l'Homme que le Chili a ratifié. Il vient d’ailleurs de rejeter le rapport d'Amnesty International, comme l'institution des Carabiniers vient de rejeter celui de Human Rights Watch, en refusant de se conformer aux recommandations de ces organisations et en se limitant à de vagues promesses sur une éventuelle réforme des Carabiniers et une amélioration des "protocoles". Ceci n'est pas un problème de hiérarchie institutionnelle, ni de méthode. C'est un problème de fond, car il s'agit de supprimer l'actuelle institution et d'en créer une autre, en redéfinissant son rôle dans la société. Aujourd'hui, la répression continue avec de multiples cas de violations systématiques de Droits de l'Homme, mais elle est maintenant soutenue par les lois liberticides approuvées récemment pat la Chambre des députés chilienne.

L’adoption d’une nouvelle Constitution est absolument indispensable pour effectuer de profonds changements et traiter d'autres questions en relation avec les Droits de l'Homme. Mais celle-ci doit être réellement démocratique, tant dans son contenu que dans son mécanisme de définition. Il appartiendra au peuple souverain de la mettre en œuvre.

Carlos Lopez Fuentes / Hector Zavala Leiva
Collectif Droits de l'Homme au Chili (France-Loi 1901)
10 décembre 2019.







mardi 10 décembre 2019

CHILE URGENTE : NO MAS VIOLACIONES DE DERECHOS HUMANOS



CHILE URGENTE :  NO MAS VIOLACIONES DE DERECHOS HUMANOS





En Chile, nuevamente, después de la explosión social del 18 de octubre pasado, « Torturan, violan y matan ». Es de esta manera, como la cantante chilena Mon Laferte describió la situación del país, durante la recepción del trofeo Latin Grammy 2019, mostrando la inscripción de su mensaje de protesta en su torso desnudo. En Chile, « la violación de los Derechos Humanos es generalizada y sistemática » (A.I), y donde “miembros de la policía nacional (Carabineros) cometieron graves violaciones de los Derechos Humanos”(H.R.W) . Es así, como las organizaciones de defensa de Derechos Humanos : Amnesty International y Human Rigths Watch, en sus respectivos informes, con videos y conferencias de prensa, condenaron al gobierno por la situación grave en que se encuentra el país.

El gran despertar de los chilenos, el 18 de Octubre, condujo el pueblo a la calle, que con gigantescas  marchas de protesta, puso en cuestión la clase política y la herencia de la dictadura de Pinochet.

Resumido, lo anteriormente dicho en dos aspectos esenciales, por una parte tenemos que en lo político se trata de la Constitución que rige el país desde 1980, impuesta en plena dictadura, y por otra parte, en lo económico, el modelo ultra liberal que se fue imponiendo desde 1975, cuando Milton Friedman llega a Chile y le entrega personalmente a Pinochet la receta económica, que el dictador impuso enseguida. Los « Chicagos Boys », chilenos formados en Estados Unidos, tuvieron la exclusividad de la aplicación del modelo económico ultra liberal. Fue así, como el Chile de Pinochet fue un gran laboratorio para experimentar la teoría del profesor Friedman (premio Nobel de Economía en 1976). Las peores lacras, entre otras, de este sistema fueron la privatización de la salud y la educación ; así como la reforma del sistema de pensiones. Este modelo neoliberal será aplicado después durante la presidencia de Reagan (1981-1989) en los Estados Unidos, como también en Inglaterra con Madame Thatcher ( 1979-1990) « la Dama de fierro » y actualmente, en varios países.

El pueblo chileno vivió, durante 17 años bajo la bota de los militares, con Pinochet a la cabeza y fue uno de los períodos más negros y sangrientos de la historia del país. Tragedia que marcó, en lo más profundo, el alma chilena por el hecho de haber vivido largo tiempo bajo un terrorismo de Estado, con miles de muertos, desaparecidos, presos políticos, torturados y exiliados. Esta catástrofe humana fue conocida por el mundo entero.

Después del período dictatorial, Chile vivió en « democracia protegida » durante 30 años, tal como fue definida por Pinochet, con una clase política que hizo un pacto secreto con los militares, para abrir un período de transición indefinida y con un manto de impunidad que protegió a los autores de crímenes de lesa humanidad. La nueva clase política tuvo como tarea legitimar y profundizar el modelo ultra liberal y conservar lo esencial de la Constitución de 1980, que pasó a ser una especie de camisa de fuerza impuesta al pueblo y a los políticos de todo pelaje que terminaron por acomodarse a ella, como si hubieran sido domesticados.

Este período de 30 años, produjo una sociedad enormemente desigual, con una marcada injusticia social ; en la cual una ínfima minoría de poderosos empresarios controlan y acaparan la riqueza que produce el país. Son estos ultra-ricos que sobornan a la clase política y a las instituciones del Estado, para que el modelo económico no cambie y siga creando desigualdad. La corrupción y los fraudes tributarios son una variable constante, fenómeno que ha llegado a convertirse en una banalidad con uniformados de alto rango de la FF AA y Carabineros, procesados por la justicia.

Las clases medias han podido sobrevivir gracias al endeudamiento creado por un sistema de tarjetas de créditos para comprar remedios, vestuarios y cubrir los gastos de alimentación. Los estudiantes que pueden hacer estudios universitarios quedan endeudados por décadas, tanto ellos como sus familiares. Los jubilados sobreviven con pensiones muy modestas y miserables. Se estima, según los últimos estudios de la "Fundación Sol", que hay un 50% de pensionados del año 2018 que reciben una pensión cercana a los 50.000 pesos (60 euros). Y como las pensiones son tan bajas, el Estado debe dar un complemento, el famoso "aporte previsional solidario" (APS). Y aún así, las pensiones están lejos de llegar al monto del salario mínimo, de 301 mil pesos (360 Euros).

Y la mayoría de los chilenos, las clases desfavorecidas estaban sofocándose, viviendo en una sociedad desigual con una gran injustica social desde mucho tiempo. Los 30 pesos de aumento del boleto del metro, fue la gota de agua que rebalsó el vaso. Los estudiantes se declararon en rebelión y prendieron la mecha del estallido social, tal como se produjo en Francia, el 17 de noviembre 2018, debido al aumento del precio de la bencina y que hizo aparecer el movimiento de los Chalecos Amarillos, que todavía continúa manifestándose.

La crisis.

El presidente Piñera no escuchó y se negó a satisfacer las demandas legítimas de los estudiantes y del movimiento social. La responsabilidad, respecto de las exacciones, de la violencia ejercida por el aparato represivo del Estado, recae directamente en él. Con una ceguera política increíble, su respuesta fue categórica, al declarar que «Estamos  en guerra contra un enemigo poderoso... » y para ganar su « guerra »  decretó el estado de urgencia, el toque de queda y puso a las fuerzas armadas, ahora nuevamente, en las calles.

Es probable que la familia Piñera tenga aún impregnado en sus genes, el "virus dictatorial". El presidente Sebastián Piñera defendió ardientemente al dictador Pinochet cuando estaba detenido en Londres en 1998 ; su tío, el ex obispo de la Araucanía, Bernardino Piñera viajó a Italia para defender al Fiscal Militar Alfonso Podlech, acusado de la desaparición de un ciudadano ítalo-chileno ; su hermano José Piñera fue ministro del trabajo de Pinochet y el responsable de la reforma del sistema de pensiones por capitalización. La familia Piñera jugó, entonces, un papel importante en la dictadura de Pinochet. El presidente se hizo rico durante la dictadura y en la actualidad figura en la categoría de los ultra-ricos de Chile, según lo atesta el ranking Forbes 2019.

Hoy, los jóvenes estudiantes liceanos chilenos, de nuevo salen a protestar  con la rabia y la rebeldía propia de la juventud que da un enorme salto, en la toma de  consciencia política. Ellos no tienen miedo, son valientes ; tuvieron la suerte de no haber conocido la negra y siniestra represión de los años de plomo de la dictadura de Pinochet. Son estos jóvenes los que han pagado y siguen pagando el alto precio de la brutal represión del gobierno de Piñera, el actual presidente sabe lo que ha sido la violación de los Derechos Humanos.

En este accionar represivo, durante las primeras semanas del estallido, se han producido innumerables violaciones a los Derechos fundamentales por parte de las fuerzas policiales y militares. La presión social y aquella de las organizaciones internacionales de Derechos humanos - en el país - obligó al gobierno a levantar el estado de emergencia y a devolver a los militares a los cuarteles. Y al mismo tiempo, inició una serie de maniobras con la clase política para hacer aprobar un "Acuerdo por la paz y una nueva Constitución ", lanzando un proceso de discusión en cabildos y asambleas. Todo ello, con la finalidad de apagar el estallido social, pero manteniendo la represión en un alto nivel.

La represión.

                   
                                Resumen.cl                                                                              Cambio21.cl

 En Chile y en las décadas precedentes, las movilizaciones por demandas territoriales del pueblo mapuche, fueron criminalizadas y reprimidas con bastante brutalidad, ocupando, incluso, de manera permanente el territorio de sus comunidades.  Una policía militarizada y especializada fue creada y perfeccionada en Colombia (Comando Jungla) con armamento y material moderno. En su desempeño, estas fuerzas policiales han violado sistemáticamente los derechos humanos, con un resultado trágico de varios mapuches asesinados, varias decenas de presos políticos mapuches en proceso y/o condenados y el territorio de las comunidades ocupado, sufriendo un asedio constante.

Asimismo, el movimiento estudiantil chileno ya se había expresado anteriormente. En el año 2006, fueron los liceanos quienes salieron a protestar, en lo que se llamó : la "rebelión de los Pinguinos " (en alusión al uniforme azul) durante el gobierno de la presidenta Bachelet . Posteriormente, en el 2011, en el primer gobierno de Piñera, fueron los estudiantes universitarios quienes salieron a protestar en contra del sistema educacional, denunciando entre otros, el costo financiero excesivo para estudiar. Estas protestas estudiantiles, no fueron escuchadas por los gobiernos de turno, fueron reprimidas ferozmente. El movimiento feminista, por su parte, hizo una demostración de fuerza inédita el 8 de marzo pasado, pero nadie pensó que, todo ello, sería la alerta social que anunciaba, desde ya, lo que vendría, el surgimiento de un inédito movimiento social el histórico 18 de octubre 2019.

Hoy, en esta nueva situación, las fuerzas especiales de Carabineros (FFEE) han tenido un papel preponderante en la represión del movimiento social cuyas principales expresiones de protesta han sido las manifestaciones persistentes y masivas tanto en Santiago como en regiones, desde hace más de 50 días.

VIOLACIONES DE DERECHOS HUMANOS DURANTE EL ESTALLIDO.

Estas, han adquirido un nivel similar a aquel sufrido durante la dictadura militar. Muchos están sorprendidos pues creían que los métodos represivos o "protocolos" de la policía, estaban superados por el tiempo transcurrido. La realidad es otra, pues ella ha mostrado una situación catastrófica y grave descrita por las organizaciones de Derechos humanos nacionales e internacionales, quienes actualmente están investigando las exacciones cometidas por las fuerzas policiales y militares. Informes abrumadores e importantes datos fueron dados a conocer por Amnesty International, Human Rights Watch, la Cruz Roja Internacional y la Comisión Interamericana de Derechos Humanos. Otro informe de la ONU es esperado en las semanas siguientes. Una institución chilena, en teoría, autónoma e independiente de los poderes del Estado, el Instituto Nacional de Derechos Humanos (INDH), está emitiendo informes regulares sobre sus investigaciones.

Estos informes tienen en común la constatación del ejercicio de la violencia desmedida, brutal, aunque para HRW y el INDH esta no es sistemática, como bien, lo ha definido Amnesty International y la Comisión Interamericana de Derechos Humanos (CIDH). Los datos entregados por el INDH igualmente fueron puestos en cuestión, hace dos semanas, por la Cruz Roja Internacional, quien señaló que las cifras entregadas por este Instituto eran inferiores a aquellas entregadas por el organismo internacional.

Todo ello, hasta el  6 de diciembre de 2019, ha traído como resultado 26 víctimas mortales, de las cuales 7 lo habrían sido por agentes del Estado, 352 personas con daños oculares. De ellas, 331 presentan traumas en sus ojos, 21 sufrieron el estallido o pérdida del globo ocular. Un estudiante, Gustavo Gatica y una mujer, Fabiola Campillay, perdieron la visión de los dos ojos, por disparos de cartuchos conteniendo perdigones y de granadas lacrimógenas sobre el rostro de los manifestantes. La barbarie y el salvajismo de los carabineros y el ejército chileno es incalificable.

Según la Fiscalía Nacional, 35.292 personas han sido llevadas a Audiencias de Control de Detención (ACD), por diversos delitos, entre el 18 de octubre y el 29 de noviembre. El total de personas formalizadas es de 23.449, de ellas 2.537 en prisión preventiva (sentencias de tribunales). El INDH señala 1.383 "vulneraciones" incluyendo torturas, uso excesivo de la fuerza. De ellas, 192 son casos de violencias sexuales (la mayoría mujeres). La Comisión Interamericana de Derechos Humanos señaló 12.652 personas heridas atendidas en servicios de urgencia y el INDH constató en hospitales 3.449 personas heridas.

En el caso de las lesiones oculares, Chile ha batido el triste record en el planeta, pues ni siquiera, en otros países con conflictos similares se ha alcanzado esa cifra (en Francia hay 23 casos de pérdidas de ojos). El número de personas torturadas es igualmente alarmante y ello determina el carácter sistemático de las exacciones infligidas por la policía en las comisarías, en locales de estaciones del metro y en la calle, como lo señalan testigos y personas que han podido filmar. La CIDH indica que recibió denuncias de exacciones cometidas en la población Lo Hermida : de allanamientos violentos, destrucción de casas, detenciones ilegales, obstrucción a la justicia y torturas en la comisaría del sector. La Fiscalía Nacional, por su parte, ha abierto 2.670 investigaciones penales contra las fuerzas de seguridad. De ellas, 422 son niños, niñas o adolescentes.

Estos datos cubren solamente un mes del accionar represivo de las fuerzas policiales y las informaciones sobre los detenidos no han sido obtenidas fácilmente. En varias comisarías de Santiago han negado, sin justificación, la información a las instituciones de Derechos humanos.
Las recomendaciones de las instituciones son diversas y van desde revisar las facultades de detención por control de identidad, investigar y sancionar a los responsables de las exacciones, "reformar" la institución de Carabineros hasta cambiar el tipo de armas y de municiones utilizadas para enfrentar a los manifestantes. Pero, estas siguen siendo utilizadas, a pesar de la recomendación  como es el caso de los balines con perdigones y la utilización de gas pimienta y de agua contaminada químicamente.

Como respuesta a esta crisis, el gobierno y sus parlamentarios adictos tratan de conseguir en el Parlamento la aprobación de una serie de leyes liberticidas que conculcan el derecho a manifestar, de reunión (leyes anti-saqueos, anti-barricadas, anti-encapuchados, anti-tomas). A esto se agrega, otro proyecto de ley, con la intención de utilizar las fuerzas armadas en la represión con el argumento de "proteger la infraestructura crítica". La CIDH recuerda al gobierno "que de conformidad con los estándares interamericanos, el mantenimiento del orden público y la seguridad deben estar primordialmente reservados  a los cuerpos policiales civiles". En síntesis, esta adición de leyes y proyectos de leyes están configurando un estado policial, antesala de dictadura, donde las libertades esenciales son conculcadas y el ejercicio de los derechos humanos queda reducido al estricto mínimo. Estas leyes han sido aprobadas, rápidamente por la mayoría presidencial y con la particularidad de contar con los votos de mayoría de diputados de "izquierda". Solo una parte ínfima de estos últimos, votaron contra. El país ha, bien, cambiado …

Para acentuar, aún más, este marco represivo el Presidente, por una parte, ha hecho un llamado internacional a la asistencia técnica para la represión, a los países de Francia, Inglaterra y España. Es importante señalar que hace poco tiempo, el gobierno solicitó el mismo tipo de demanda a Colombia, quien contribuyó a formar un dispositivo que se distinguió netamente en la represión de las comunidades mapuche en Araucanía, el famoso "Comando Jungla". Francia, por declaraciones recientes, se negó a procurarla. Y por otra parte, el gobierno viene de hacer un bello regalo de Navidad al destacamento represivo de Carabineros, con la adquisición de material bélico moderno.  

Hasta el momento, el gobierno haciendo caso omiso de las obligaciones de los tratados internacionales, que Chile ha ratificado y que debe respetar sobre las violaciones de Derechos Humanos, ha rechazado el informe de Amnesty International y Carabineros ha rechazado el informe de Human Rights Watch, no acatando las recomendaciones de éstos y limitándose a promesas vagas sobre una eventual de "reforma" de Carabineros y un "mejoramiento de protocolos". No es un problema de jerarquía institucional, ni de métodos. El problema es de fondo,  de lo que se trata es de suprimir la actual institución y crear otra redefiniendo su rol en la sociedad. Hoy, la represión continúa con múltiples casos de violaciones sistemáticas de Derechos humanos, pero ahora, respaldadas por las leyes liberticidas recientemente aprobadas en la Cámara de Diputados.

Se hace imprescindible, para efectuar estos cambios profundos y otras materias que tienen incidencia en los Derechos Humanos, una Nueva Constitución, pero que sea realmente democrática tanto en contenido como en el mecanismo de definirla. Es el pueblo soberano que deberá ponerla en práctica.


Carlos López Fuentes / Héctor Zavala Leiva.
Collectif  Droits de l'Homme au Chili (France)

10 de diciembre de 2019